Construction du pont Albert-Louppe, de la brochure Le pont Albert Louppe, Finistère éditée par la Société anonyme des entreprises Limousin en 1930, collection particulière.

Cette photographie montre la construction du pont Albert-Louppe au-dessus de l’Elorn, dans la rade de Brest. Il s’agit d’un chantier longuement attendu. Jusqu’à sa mise en service, il fallait, pour franchir le fleuve, emprunter des bacs au lieu-dit Le Passage. On y embraquait hommes, marchandises et même le bétail. L’arrivée des voitures rendait le bac obsolète et c’est en grande pompe que le pont, construit par l’ingénieur Eugène Freyssinet (1879-1962), fut inauguré en 1930 par le président de la République.

Cet ouvrage est remarquable tant sur le plan technique qu’esthétique. Le pont se compose de trois travées de 173 m de portée chacune, un record mondial lors de sa construction. Les coffrages monumentaux des arches furent fabriqués à terre, puis acheminés par des berges et installés sur les piles plantées dans la rivière. Le pont a été conçu avec deux tabliers : le tablier supérieur pour les voitures, le tablier inférieur pour le train (mais qui, finalement, n’a jamais reçu de rails).

Le pont a subi des dommages importants pendant la guerre, mais l’arche détruite a été vite reconstruite – trop vite peut-être : c’est celle des trois qui souffre aujourd’hui d’une forte dégradation. Le tablier fonctionnel du pont a été élargi dans les années 1960, mais le trafic automobile croissant l’a finalement rendu obsolète. Au début des années 1990 un autre pont a donc été construit juste à côté. Depuis, le pont Albert-Louppe servait aux promeneurs, cyclistes et patineurs.

L’avenir de ce pont, labélisé « Patrimoine du XXe siècle » semble actuellement incertain. Le coût de destruction de cet héritage architectural exceptionnel serait pourtant tout aussi élevé que celui de sa rénovation.

Sonia de Puineuf