Gwenaëlle Magadur, La Ligne Bleue, Brest, 2000.
Cette installation éphémère a été réalisée par l’artiste brestoise Gwenaëlle Magadur avec le soutien de la ville de Brest, du département du Finistère et de la région Bretagne. La Ligne Bleue marque la grande ceinture des remparts de la ville de Brest, dessinée par Vauban au 17e siècle. Ces remparts ont été démolis après la Seconde guerre mondiale, dans l’élan de la Reconstruction, pour permettre à la ville de s’agrandir.
Pendant plusieurs décennies, ce « Brest dont il ne reste rien » (pour reprendre les mots de Jacques Prévert) avait totalement disparu de l’imaginaire des habitants. Gwenaëlle Magadur, cherchant à retrouver les traces de ce passé urbain enveloppé de silence, a proposé à la municipalité de dessiner une ligne bleue éphémère sur le tracé des anciens remparts. Par rapport à d’autres commandes artistiques de la ville, celle-ci s’est distinguée par le fait qu’il s’agissait d’abord d’une recherche personnelle, d’une initiative privée.
La Ligne bleue a effectivement vu le jour en 2000, provoquant les interrogations des habitants, d’abord mal informés sur la nature de ce marquage au sol atypique. Conçue comme « une peau », la ligne frottée quotidiennement par les pas des passants s’est progressivement effacée (quoique moins vite que prévu). Elle a néanmoins suscité une prise de conscience généralisée sur le potentiel de l’imaginaire historique de Brest. Dans les mêmes années, celui-ci a été réactivé par l’organisation des fêtes maritimes qui ont permis aux habitants de la ville d’accéder aux rives de la Penfeld, territoire militaire. C’est d’ailleurs cette expérience qui fut pour l’artiste le point déclencheur de la Ligne bleue, l’œuvre éphémère qui fait aujourd’hui, elle aussi, partie de l’imaginaire de Brest – une ville palimpseste.
Quelques années plus tard, Gwenaëlle Magadur a travaillé conjointement avec l’architecte Sylvain Le Stum sur la mémoire de Recouvrance et des bords de la Penfeld, Cette résidence artistique a donné lieu à l’œuvre La ville en mutation qui consiste en photomontages (propositions d’installations) dans lesquels apparaissent les parcelles détruites du quartier populaire et les façades disparues de la ville enfouie sous Brest reconstruite.
Sonia de Puineuf